Où en est-on dans l’hexagone ? Pour le cabinet de chasseurs de têtes Vendôme & associés , les bonus auraient été divisés par deux en 2008 mais l’expert se garde de divulguer ce que représentent ces rémunérations en valeur absolue. Pourquoi, ce secret sur les chiffres ?
Pour l’instant, on s’indigne à propos des 20 ou 30 dirigeants qui ont perçu en 2008 plus de 3 M€ de rémunérations. Ces données là sont bien disponibles dans les documents de référence. Et si ce n’était que la partie visible de l’iceberg ?
Il faut se souvenir en effet que les profits sur le marché des dérivés actions où les grandes banques françaises sont leaders sont repartis de plus belle au deuxième trimestre. Or, les bonus attachés à ces activités sont énormes. Pour mémoire, en 2005, à la Société Générale, Jean-Pierre Mustier, qui dirigeait la branche où sévissait Jérôme Kerviel en 2007, touchait un bonus de 9 millions d’euros. Et Daniel Bouton, l’ancien président de la banque l’avait dit à plusieurs reprises: certains de ses traders percevaient des salaires bien supérieurs au sein.
Chez Crédit Agricole SA, dont la filiale Calyon a été très généreuse au cours des dernières années, on ne mentionne pas une ligne sur les bonus de Calyon dans le document de référence 2008. Impossible de vérifier donc, si l’ancien directeur général délégué de Calyon, Marc Litzler devenu depuis sa disgrâce conseiller du président, a continué à empocher en 2008 et peut-être en 2009, le bonus de 3,4 M€ annuel qui lui avait été garanti à son arrivée en 2006, et ceci pour trois ans. Mais c’est plus que probable.
Ce qui figure dans les documents de référence de BNP Paribas et de Société Générale sur les bonus des activités de financement et d’investissement ne nous éclaire pas plus . Chez BNP Paribas, on soutient que les recommandations du G20 sont respectées à la lettre : pas de bonus garantis, des primes étalées dans le temps et l’intégration d’un facteur risque dans le calcul des bonus. “Les frais de gestion du pôle, adaptés notamment par une forte réduction des bonus, s’élèvent à 3 711 millions d’euros, en baisse de 22,4 % par rapport à 2007.”
Les quelques lignes du rapport Société Générale évoquent les bonus mais n’en donnent pas d’ indication chiffrée à cet endroit.”Les frais de gestion de la Banque de Financement et d’Investissement s’inscrivent en hausse de + 5,3 %(+ 1,5 % en données courantes) par rapport à 2007, avec un coefficient d’exploitation de 86,6 % (63,0 % hors éléments non récurrents). La hausse des frais généraux résultant du renforcement des procédures de contrôle a été partiellement compensée par la forte baisse des rémunérations variables, l’ajustement de la politique d’attribution des bonus, et l’ajustement des effectifs en front office” peut-on lire.
L’AMF n’a jamais exigé que les banques donnent des informations sur les bonus et même celles qui ont touché une vingtaine de milliards d’euros d’aides du contribuable, refusent toujours de fournir leurs chiffres. Si la transparence ne s’impose pas, il sera impossible de savoir, à la fin de l’année, si, s’agissant de modération, les déclarations de bonnes intentions de la Fédération des banques (FBF) seront suivies des faits.
La première chose à exiger des banques françaises, comme pour les banques américaines est donc la publication détaillée des bonus versés depuis 5 ans, par catégorie précisant le nombre d’attributaires par tranche de plus de 1, 3 ou 5 M€. Les recommandations du G20 exigeaient une totale transparence sur les chiffres. Les Etats-Unis l’ont fait, à l’Europe et la France de jouer le jeu maintenant !